Lors de la rédaction du chapitre (I) sur la nécessité de séparer les pouvoirs au Sénégal, j’avais omis de bonne foi, de préciser un principe fondamental de cette dite séparation. En effet, Dans le pouvoir judiciaire on trouve deux types de magistrats, les magistrats du parquet, comme les procureurs, et les magistrats du siège à qui,reviennent les décisions de justice comme les juges ou doyen des juges etc…Dans le droit il y’a un principe que l’on appelle le principe d’inamovibilité des juges du siège qui n’est rien d’autre que la protection, dont jouissent ces derniers contre les changements arbitraires de postes par le pouvoir exécutif, au cas où celui-ci serait insatisfait des jugements rendus par un juge. Cette protection existe bel et bien au Sénégal et c’est ce qui me pousse à me poser la question à savoir par quelle magie le pouvoir exécutif a réussi à rendre le juge SOULEYMANE TELIKO amovible alors que ce dernier portait bel et bien une veste d’inamovibilité . Avons nous assisté à une flagrante bavure ? Nous savons tous le rôle très important que jouait le juge Téliko dans l’échiquier juridico-politique. Sa présence à la tête de l’Union des Magistrats du Sénégal( UMS) donnait au moins, un semblant d’équilibre entre les deux, de par ses prises de position et son attitude impartiale.

Ce qui est drôle, c’est que la première partie de cet article était motivée par la mutation du juge Ngor Diop à la Cour d’appel de Thies comme conseiller, suite à son refus de libérer un marabout détenu dans son champs de juridiction, Podor, dont il était le président par intérim du tribunal d’instance et qui avait fait couler à la fois mon encre 🖊 et celui du juge Téliko. Malheureusement une année plus tard c’est au tour de ce dernier de subir la même chose dans des conditions déplorables. C’est vrai qu’un fonctionnaire à l’obligation de servir dans toute l’étendue du territoire sénégalais mais affecter un juge du Siège, président de l’UMS de surcroît, à des milliers de kilomètres de la capitale,témoigne de la dépendance de la justice par rapport au pouvoir exécutif. Pourquoi a-t-il subit autant de violences administratives et même médiatiques à travers la plume de Madiambale Diagne? Pourquoi Au 21e siècle lutter pour l’indépendance de la justice devrait faire d’une personne un rebelle ? Tout juriste qui se respecte connaît la trempe de cet homme. D’ailleurs «La plume est serve et la parole libre», disent les magistrats. Cette maxime, le «rebelle» n’a aucune peine à se l’appliquer. Ainsi, au cours d’une audience, se rappelle un magistrat, il n’a pas hésité à prendre le contrepied de son chef de service. D’après cet interlocuteur, la loi le permet. Au vu de tout cela il est non seulement urgent de réclamer le départ du président de l’exécutif, à la tête de la magistrature suprême mais également réorganiser le système judiciaire pour accélérer la cadence de ce dernier.
Concernant le pouvoir législatif, nous savons tous que les élections législatives approchent. Une Assemblée nationale qui remplit sa mission selon les normes démocratiques, est plus que vitale en ce moment où nous allons pouvoir enfin jouir de nos ressources naturelles. Choisissons des hommes qui connaissent au moins les b à ba du rôle d’une Assemblée nationale. L’assemblée nationale n’est pas une arène de lutte ou un ring de boxe mais plutôt une institution née le 17 juin 1789, et qui est au cœur de notre démocratie.Sa mission est de faire la loi et de contrôler l’action du Gouvernement. Cette très ancienne institution doit être réformée . En effet il nous faut le plus rapidement possible, moderniser la procédure législative, approfondir les pouvoirs de contrôle, octroyer des droits spécifiques aux groupes d’opposition et renforcer les règles de transparence et de déontologie.
À défaut de pouvoir changer le mode de scrutin ou même le mode de fonctionnement de ce dernier, la responsabilité de choisir des hommes intègres nous incombe nous le peuple. Il faut que la jeunesse sénégalaise sache qu’être député, n’est pas une mission simple avec un 4/4 et des bons d’essence en prime mais plutôt un sacerdoce. Non seulement il va falloir lire entre les lignes mais derrière les lignes aussi. Que voulons-nous dire exactement ? Des députés qui nous diront quelques années plus tard qu’ils ne sont pas nos députés, mais plutôt ceux d’Ousmane Sonko ou d’Idrissa Seck ou de Benno Bokk Yakar ? Le fanatisme dont certains font déjà état ne laisse présager rien de bon. Soyons concentrés, soyons vigilants , Montrons à cette classe politique que maintenant il va falloir gouverner pour nous et non pas pour un homme. Rappelons à cette caste politique que la démocratie c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité; c’est un type de mœurs, de vertu , de scrupule , de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral. Elle reconnaît à l’opposition comme aux minorités le droit de remettre en cause les options passées en question pour qu’à tout moment le pays puisse juger, jusqu’à se déjuger. Les partis et les équipes au pouvoir acceptent ainsi d’être désavoués un jour.

Cet article est un Hommage à MAME ARAME KANE
Amary Ba, juriste ;
Canada.